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« Je vous souhaite de continuer à travailler dans vos délégations. » A 19 h 41, jeudi 31 octobre, la maire UDI de Rognac (Bouches-du-Rhône), Sylvie Miceli-Houdais clôt de sa voix de fumeuse le dernier conseil municipal de sa mandature écourtée. A l’étage de la mairie de cette ville de 12 000 habitants, l’ambiance est mortifère. Il ne reste ce soir-là qu’une poignée d’élus fidèles et peu bavards – 14 sur les 35 de la liste initiale – pour voter les dernières délibérations. La chaise du sénateur Stéphane Le Rudulier (Les Républicains, LR), toujours membre de la majorité, est vide.
En août, après la démission de trois nouveaux élus, la préfecture a constaté la carence de l’assemblée municipale, amputée du tiers de ses conseillers. Et programmé une élection partielle les 17 et 24 novembre. Difficile d’imaginer un tel échec en mars 2020, lorsque le sortant Stéphane Le Rudulier triomphait au premier tour avec 90,49 % des voix. A l’époque, il n’est pas encore ce sénateur médiatique et accro aux réseaux sociaux, qui gravite autour de Gérald Darmanin, après avoir été proche d’Eric Ciotti puis de Bruno Retailleau. Sa liste, « Rognac, notre ville, ma passion », fédère alors une coalition qui va jusqu’aux communistes. « Il avait fait l’union de tout le monde. On était seuls en face », se rappelle Noré Boudissa, unique élu d’opposition.
Quatre ans plus tard, le décor est bouleversé. Si Noré Boudissa rempile à la tête d’une union citoyenne de gauche, quatre autres listes s’affrontent, dont celles du Rassemblement national (RN) et de la maire sortante, Sylvie Miceli-Houdais. Propulsée par Stéphane Le Rudulier, élu au Sénat en décembre 2020, l’ex-première adjointe a vu sa majorité perdre un à un ses soutiens, sur fond de mésententes personnelles et de révélations par Le Monde, dès novembre 2023, et d’autres journaux sur ses méthodes brutales de gouvernance et celles de son prédécesseur. En mai 2024, le site d’informations Marsactu.fr révèle qu’une lanceuse d’alerte a transmis à la justice un dossier sur l’utilisation abusive de la carte d’achat municipale, provoquant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet d’Aix-en-Provence. Depuis, la maire a tenté de licencier la fonctionnaire, avant d’en être empêchée, le 16 octobre, par une décision du tribunal administratif.
Sylvie Miceli-Houdais balaye les accusations qui la visent et prend comme un succès le fait que la justice « ne lui a pas donné signe de vie ». Elle dit ne pas avoir « hésité une seconde à [s]e représenter ». « J’ai un bilan à défendre et je vois dans cette partielle l’occasion de retrouver ma légitimité par les urnes », se projette-t-elle.
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